La période d’allaitement maternel exclusif qui est six mois, et prolongé même jusque deux ans n’est plus respectée par plusieurs femmes allaitantes dans la communauté. Un phénomène lié d’une part à la cherté de la vie. Plusieurs femmes allaitantes abandonnent précocement leurs nourrissons à la recherche du pain quotidien dans différents secteurs de la vie. Une pratique qui explose les nourrissons aux nombreux risques dont des maladies faute d’allaitement suffisant.
Cette situation a été plus observée en ville de Butembo, au Nord-Kivu, au cours de 5 dernières années. Plusieurs femmes allaitantes ne voient pas de mal à laisser leurs nourrissons aux berceuses et se consacrer aux activités lucratives pour subvenir aux besoins de leurs familles. C’est ce que pense une femme de trois enfants maintenant et prestataire de soins dans une structure sanitaire de la place.
« Tout dépend des relations au sein d’un foyer. Si les moyens sont limités, nombreuses d’entre nous s’efforce de donner suffisamment du lait maternel à son nourrisson le matin et se rendent au marché ou au centre ville et laissé de la bouillie (Masoso) à la berceuse même si ce nourrisson n’a pas encore atteint exactement 6 mois ou plus », reconnait-elle.
A l’unanimité, plusieurs autres femmes allaitantes accusent l’irresponsabilité de certains maris qui les obligent parfois à être au four et au moulin pour combler tant soit peu les besoins de la famille.
« Le père de mes enfants n’a pas un travail rassurant, il arrive de fois qu’il se passe de ses responsabilités familiales. Si je ne prend pas la relève c’est toute la famille qui en souffre. Je me débrouille par ci par là tantôt avec mon nourrisson où je le laisse à la berceuse pour trouver ne fut ce que quelque chose à mettre sous la dent. Les maris ne nous aident pas assez nous femme, et semblent ignorer dans quel état nous sommes », confie une autre femme allaitante.
De surcroît, la situation sécuritaire dans la partie orientale du pays pousse la plupart de femmes allaitantes à ne pas consacrer assez de temps à leurs nourrissons. C’est le cas de madame Gentille (nom d’emprunt), vendeuse des vivres au marché de Vitchai à Butembo qui se plaint :
« Depuis que le début des massacres, nous vivons des recettes journalières. Rester à la maison sans rien faire ne nous avantage à rien. Même si j’ai un bébé qui tète je fais de mon mieux pour aller attendre les camions qui nous apportent des produits vivriers pour trouver du boulot et parfois, je laisse l’enfant pendant des longues heures sans allaiter ».
Une situation observée aussi chez plusieurs femmes allaitantes qui exercent de métier comme la coupe et couture, l’enseignement, les fournisseurs des produits de première nécessité sur le marché local en provenance des entités voisines de la ville, et toutes celles qui se livrent au petit commerce. Souvent, beaucoup finissent par sevrer précocement leurs nourrissons afin de vaquer librement à leurs activités génératrices des recettes.
Une des spécialistes en nutrition au sein du Centre nutritionnel thérapeutique, CNT/Katwa en ville de Butembo, madame Furaha présente les risques que courent ces nouvelles générations d’enfants, notamment un risque de déficit mental ou une santé fragile résultant au faible allaitement maternel.
« Les enfants grandissent oui mais vous constaterez chez beaucoup d’entre eux que leur quotient intellectuel, (Q.I) ne pas suffisamment normal. Aussi nombreux n’ont pas assez de vigueur, où sont susceptibles aux petites maladies n’ayant pas un système immunitaire très fort. Nous nous rendons compte qu’ils avaient raté certains nutriments essentiels et nécessaires lors de la période d’allaitement soit que leurs parents n’ont pas suivi de près son alimentation après le servage », explique-t-elle.
En dehors de conditions socio-économiques qui empiètent négativement sur le bon allaitement des nourrissons, c’est aussi le problème d’espacement des naissances (planning familial) qui pousse la plupart à vite sevrer le bébé afin de s’occuper du nouveau nourrisson. Après la conception précoce, certaines femmes développement même des caprices au point de rejeter leurs nourrissons, en dépit de leur besoin de continuer à profiter de l’allaitement.
Selon les témoignages de certaines femmes qui n’ont pas été assez explicites, des relations entre couples sont tendues et ne permettent pas un climat de causerie et d’attente mutuelle en cas de conception non consensuelle. Elles témoignent que certaines grossesses paraissent indésirables faute de planning familial.
Ce contexte de vie conjugale oblige ainsi nombreuses femmes à abandonner les nourrissons à leur triste sort.
Docteur Claude Sabwa, spécialiste en Alimentation du nourrisson et du jeune enfant, conseille que l’enfant doit bénéficier d’un allaitement maternel exclusif qui va jusqu’à six mois, et qui peut être prolongé jusque deux ans.
Mbelesi Voyage