En ville de Butembo, au Nord-Kivu, plusieurs femmes enceintes et allaitantes ne bénéficient pas de l’accompagnement de leurs maris en matière d’alimentation saine, suffisante et équilibrée. Nombreux époux s’intéressent plus à l’habillement du bébé et aux frais de maternité, reléguant ainsi celui du besoin nutritionnel au second plan.
Mumbere Calvin est père six enfants. Durant toutes les périodes de grossesse de sa femme il n’a jamais porter l’attention au régime alimentaire de sa femme. Il se contente de répondre aux besoins que son épouse lui présente.
« D’abord le temps où mon épouse est enceinte, il y a des aliments qu’elle-même n’apprécie plus, elle dit par exemple le poisson lui donne envie de monir. Donc il y a des aliments qu’elle ne veut plus consommer. moi je suis obligé de suivre ses sollicitations en matières d’aliments. Mais, durant la période d’allaitement, elle me dit que quand elle n’est pas rassasiée, le lait n’est pas bien produit, directement je me dis que je dois lui faire une nourriture suffisante. Toutes les informations sur son alimentation je les reçois d’elle pour la suivre », explique-t-il.
Comme lui, plusieurs maris ne s’informent pas sur l’alimentation saine et équilibrée lors que leurs épouses sont grosses ou quand elles sont période d’allaitement. Même quand leurs femmes reviennent de la CPN (Consultation prénatale) ou même de la CPS (Consultation préscolaire), ils prennent pas suffisamment le temps de demander à la femme c’est que les infirmiers et les médecins ont donné comme orientation.
«Je ne l’accompagne pas pour avoir des informations des médecins. C’est seulement pour la transporter à moto et lui éviter des accidents routiers… », affirme Mumbere Calvin.
S’informer grâce aux médias
Même son de cloche pour cet autre époux qui affirme également ne pas disposer d’informations suffisantes au sujet de l’alimentation d’une femme enceinte et allaitante. Le peu d’informations qu’il a, il le tire de certains livres et de l’internet. D’autres informations ils les reçoit auprès de ses amis.
« Pour la plupart de cas, je me limite aux sollicitations de ma femme. Si elle arrive à déterminer les aliments dont elle a besoin, alors nous allons dans ce rythme. Mais aussi j’ai des informations scientifiques que je retrouve à l’internet ou dans des livres, des documents », explique Mbakwiravyo Vadène, père de trois enfants et enseignants dans une école secondaire.
Pour sa part, d’un autre côté, Muhindo Janta, indique que c’est grâce à des séminaires organisés au sein de son église, des émissions radios et une certaine documentation qu’il parvient à avoir une idée sur l’alimentation de la femme enceinte et allaitante. Et pour lui, parfois le mari se trouve dans la difficulté d’assurer l’accompagnement nutritionnel de la femme, lors que celle-ci conçoit (être enceinte) au moment où l’homme ne s’y attendait pas, faute de planification de naissance.
«Généralement, il arrive que l’épouse puisse concevoir alors qu’on ne s’y préparait pas. Déjà vous vous imaginez ce que va vous coûter l’accompagnement et surtout avec le coût cher de la vie. Alors en tant que responsable, vous dites que je suis dans l’obligation d’accompagner madame juste pour lui éviter les traumatismes », fait-il observer.
Au sujet de l’alimentation, il reconnaît qu’une femme enceinte a plus besoins des légumineux, des fruits et d’autres aliments de construction et protection.
Monsieur Valyene Paluku, un conducteur de mototaxi et père de cinq enfants rassure quant à lui, de l’accompagnement de sa femme au cours de la consultation prénatale et scolaire. Il évoque par contre un problème des moyens financiers pour assurer un suivi nutritionnel adéquat de son épouse pendant et après la grossesse, bien qu’en connaissant les trois sortes d’aliments dont elle aurait besoin au cours de cette période.
« Nous suivons toutes les étapes, seulement c’est la femme enceinte qui détermine ses besoins alimentaires, alors si on a des moyens on peut y répondre, et lorsqu’on n’en a pas, on le lui dit. Sinon dans d’autres cas, je lui apprête à manger comme à l’accoutumée », opine-t-il.
Très concentrés sur la layette et non sur la nutrition
Plusieurs femmes expriment le regret de ne pas bénéficier de l’accompagnement de leurs époux pendant leur période de gestation et d’allaitement. C’est le cas de Marie (nom d’emprunt) qui fait savoir que son mari ne lui témoigne d’aucun accompagnement, qu’elle soit enceinte ou allaitante.
« Il n’y a pas d’accompagnement. Pour moi, vraiment mon mari ne me demande même pas des informations sur mon alimentation quand le suis enceinte ou lorsque j’allaite. Pour la CPN et CPS, il n’en parle même pas », se plaint-elle.
Elle préconise l’organisation des séances de sensibilisation et conscientisation des hommes sur l’accompagnement de la femme enceinte et allaitante. Pour elle, nombreux hommes se limitent à la préparation de la layette et d’autres biens sans se soucier des besoins nutritionnels de la femme.
Des épouses qui témoignent de l’attention de leurs maris pour leur suivi alimentaire sont celles dont les époux sont proches des agents de santé.
« Je dirai que peut-être c’est puisque Dieu m’a donné un bon mari, mais il y a un autre aspect, mon mari c’est aussi un professionnel de la santé. Il amène des aliments même au-delà de ce que je dois manger, il m’explique lui-même l’importance de différents aliments selon le trimestre de ma grossesse », rassure Kaswera Vyavugha Charlotte, mère de quatre enfants.
Entre-temps, une spécialiste de la santé soutient que nombreuses femmes ont plus envie d’être régulièrement enceinte afin qu’elles bénéficient de l’accompagnement tant nutritionnel que socio-psychologique et affectif de leurs maris. C’est en cette période que certains époux semblent attirer leur attention sur l’alimentation de leurs épouses.
Il faut préciser que la femme enceinte est conseillée de prendre une alimentation équilibrée, saine, variée et adaptée pour sa bonne santé et celle de son bébé. Celle-ci doit aussi plus consommer des fruits, des légumes, des légumineuses, les aliments d’origine animale, l’huile et la graisse, ainsi que les aliments de base dont les céréales. Cette femme enceinte doit aussi être préparée pour l’allaitement exclusif prévu pour six mois, et prolongé jusqu’à deux ans.
Didy Vitava