Les actes de meurtre et de pillage des biens de la population civile dont se rendent coupables certains éléments des Forces de sécurité et de l’ordre dans la partie Nord de la ville de Butembo (Nord-Kivu), alimentent la crise de collaboration entre l’armée, la Police nationale congolaise (PNC) et la population. Chafi Musitu, activiste prod-démocratie, actif en ville de Butembo l’a fait observer au lendemain d’un nouveau cas de meurtre de civil par les outils de sécurité, au cours des tensions signalées la soirée de mercredi 26 octobre à Byasa et Furu, à la sortie nord de cette ville, entre les éléments des FARDC et la population civile.
Dans une interview accordée à RTPA.CD, jeudi 27 octobre, Chafi Musitu a déploré la violence qui caractérise depuis quelques, les différentes interventions des forces de l’ordre et de sécurité.
Il parle d’une attitude répressive qui met en mal le climat de confiance et de collaboration entre les deux parties, censées pourtant cohabitées sur tous les plans en vue d’une synergie d’efforts face aux menaces sécuritaires permanentes contre la ville.
« L’armée n’est pas là pour effrayer sa population, la Police n’est pas là pour extorquer les biens de la population. La Police et l’armée sont là pour protéger la population. Je pense que nous sommes dans un moment tellement difficile, les groupes armés nous menacent, l’armée aussi menace. On nous parlait toujours du mariage civilo-militaire, comment on va encore croire à ce mariage civilo-militaire, donc moi je pense qu’il y a une forme de divorce auquel nous assistons », a-t-il démontré.
Chafi Musitu, estime cependant que les responsables de l’armée et la Police en ville de Butembo devraient le plutôt définir des nouvelles approches afin de restaurer ce climat de franche collaboration entre les éléments de troupes et les habitants.
« La population est frustrée. Nous aimerions que notre armée et notre Police reviennent sur le fait et le comprennent davantage et de voir comment on doit renforcer cette collaboration entre population et militaire. Mais lorsque la population voit la jeep de la Police, la population cherche toujours à fuir, c’est quand même grave, c’est pas du tout normal, c’est là où je voulais en fait amener l’autorité de l’Etat de siège », a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, cet activiste pro-démocratie s’insurge contre la généralisation du phénomène Mai-Mai à toute la population de la région. Il dit redouter que cet « abus de langage » soit une façon d’entretenir un complot contre la communauté locale, déjà victime d’un massacre de plus de 300 personnes, intervenu à Kikyo, (Nord de la ville, ndlr) de suite du même phénomène, en 1998.
Il sied de préciser que la ville de Butembo a enregistré au moins 5 cas de meurtre de civils attribués aux forces de l’ordre et de sécurité. Ces cas se sont produits en l’espace d’un mois. Dans sa déclaration du mercredi 26 octobre dernier, la société civile coordination urbaine de Butembo a exigé que des éléments des FARDC indexés dans le meurtre de deux civils et dans des actes de pillage et de vandilisation des maisons au quartier Mathembe, dans la commune Vulamba soient livrés à la justice.
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Didy Vitava