Bien que le président congolais Félix Tshisekedi ait juré de ne pas rencontrer son homologue rwandais Paul Kagame, les deux chefs d’État se sont retrouvés mardi 18 mars dernier lors d’un face-à-face facilité par l’émir du Qatar. Alors que cette rencontre surprise suscite des avis divergents et de nombreuses critiques, le politologue Arsène Kaputu affirme qu’« il n’y a pas d’ennemi éternel sur la scène internationale ».
Lors d’une interview exclusive accordée à rtpa.cd vendredi 21 mars, cet enseignant à la faculté des sciences juridiques, sociales et administratives de l’Université officielle de Ruwenzori a rappelé que les relations entre États sont avant tout dictées par « les intérêts ».
« Puisque ce sont les intérêts qui animent les relations entre les États, il n’y a pas d’ennemi éternel sur la scène internationale. L’inimitié varie en fonction des circonstances et des intérêts en jeu. Il est toujours important que les acteurs collaborent, surtout en tant que représentants des institutions« , a-t-il déclaré.
Selon lui, la rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, sous la médiation de l’émir du Qatar, constitue une avancée diplomatique en faveur de la République démocratique du Congo.
« Un autre facteur est que Kagame a compris que ses alliés du M23-AFC viennent d’être sanctionnés et que, comme ils ne représentent pas des États, il est facile de les affaiblir. Ainsi, pour éviter que ses alliés ne se retrouvent pris en étau, il les précède afin de discuter avec le président de la RDC des modalités de résolution du conflit à l’est de la République démocratique du Congo », a-t-il expliqué.
Il estime également que le Rwanda est sous pression en matière de développement, une situation qui pourrait expliquer la participation de Paul Kagame aux discussions avec Félix Tshisekedi. Le Qatar, partenaire stratégique de Kigali, joue un rôle clé notamment dans l’achat de minerais qualifiés de « sang » en RDC.
La rencontre du 18 mars entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame au Qatar est intervenue au moment où la présidence angolaise attendait la délégation de la République démocratique du Congo et celle du M23-AFC pour des discussions directes à Luanda. La veille, le M23-AFC avait annulé sa participation à ces pourparlers, après de nouvelles sanctions de l’Union européenne contre ses membres.
Claudine Mulengya