Les conflits fonciers et la carence des terres arables sont à la base de la dégradation des conditions nutritionnelles des habitants de Magheria, une agglomération du groupement Buyora dans la chefferie de Baswagha en territoire de Lubero, (Nord-Kivu).
Des familles locales disposent de petits lopins de terre pour nourrir tous leurs membres, assurer la scolarité des enfants et leurs soins. L’organisation paysanne Association d’assistance sociale et de protection de l’environnement pour le développement intégral (ASPEDI) active à Magheria, déplore que cette situation soit à la base de la malnutrition « chez les enfants comme les adultes ».
A cette situation, s’ajoute le taux élevé de natalité qui caractérise, et les parents et les jeunes dans la région.
« Ici à Magheria, nombreux habitants souffrent de la malnutrition. Le taux de natalité est en hausse, et il est difficile de trouver un lopin de terre à cultiver ce qui rend difficile la nutrition. Les terres sont en conflit, des enfants passent des journées sans manger et n’ont donc pas de bonne santé faute des nourritures qui pourraient être récoltés au champ« , explique Kahambu Sisanga, présidente de l’ASPEDI.
Les conflits fonciers restreignent les portions à cultiver, ce qui pousse les habitants à se lasser çà et là à la recherche des nouvelles terres arables, informe l’organisation paysanne.
Produire pour le marché !
Le peu de produits agricoles récoltés dans ces petits lopins de terre sont destinés au marché. Et ce, pour que les cultivateurs (population locale) se procurent d’autres denrées non cultivables. Kahambu Sisanga présidente de l’ASPDI fait savoir que la population ne profite aucunement des produits agricoles. « Tout est à vendre en vue de subvenir aux multiples besoins de la famille ».
Entre-temps, le prix de certains produits alimentaires haussent de prix sur le marché local. Une mesurette de haricot est passée de 500, 600 à 800 Francs congolais à Magheria, rapporte la présidente de l’ASPEDI qui regrette que la population locale réputée pour « une vaillance agricole » recourt au marché pour s’approvisionner en produits alimentaires.
« Le prix d’une mesurette de haricot est déjà élevé, en 800FC. On a du mal à se procurer quelques mesurettes, on ne vend que les produits qu’on récolte pour avoir de l’argent« , déclare-t-elle.
De l’insécurité dans les zones champêtres !
Certains des habitants, qui s’étaient déjà rendus dans des zones aux terres cultivables et rentables, sont revenus dans le milieu suite à l’insécurité qui bat son plein dans la région de Beni-Ituri. Un phénomène qui accroît le problème d’accès à des terres arables et des conflits fonciers. Pour y faire face, les responsables des familles sont contraints de partager leurs lopins de terre avec leurs enfants.
« Même si on souffre un seul lopin de terre, vous le subdiviser entre père, fils, gendre, belle-fille ou petit-fils, ce qui ne garantie pas la vie à toute la famille. Malheureusement, cette petite portion peut être aussi en conflit perpétuel« , dit-elle.
La présidente de l’Association d’assistance sociale et de protection de l’environnement pour le développement intégral (ASPEDI) sollicite l’implication des autorités et des humanitaires pour soulager cette misère des habitants. Elle plaide, notamment pour la restauration de la paix et la sécurité dans les greniers agricoles de la région de Beni-Ituri.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la République démocratique du Congo (RDC) est l’un des dix (10) pays qui représentent 60% de la charge mondiale de l’émaciation (amaigrissement) chez les enfants de moins de 5 ans.
En 2022, on estimait à 2,8 millions le nombre de personnes souffrant de malnutrition aiguë globale, dont 1,2 million d’enfants de moins de cinq (5) ans.
Mbelesi Voyage