Le député provincial du Nord-Kivu, Prince Kihangi Kyamwami s’oppose au déploiement des troupes militaires de la force régionale de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC) dans les entités contrôlées par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) et leurs supplétifs de l’armée rwandaise (RDF). Dans sa note d’analyse sécuritaire adressée, mercredi 15 février dernier au Président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo, l’élu du territoire de Walikale estime que par cet abandon des terres congolaises aux forces étrangères, l’État congolais se déclare ne plus être capable d’assurer la sécurité des populations de cette partie Est du pays.
Dans cette note d’analyse sécuritaire, le député Prince Kihangi Kyamwami fait observer que le déploiement, comme annoncé, des soldats de l’EAC dans les différentes entités coutumières et administratives du Nord-Kivu, après le retrait du M23/RDF doit être considéré comme une occupation des terres congolaises par les pays voisins à travers leurs armées. Il est estime, à cet effet, que cette démarche ne va que favoriser le plan de balkanisation du pays d’autant plus que ces armées vont être déployées dans une région longtemps convoitée par leurs pays respectifs.
Par ailleurs, analyse l’élu de Walikale, le déploiement des troupes de l’EAC dans les zones qui seront abandonnées par les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise, ne va aucunement offrir des garanties sécuritaires aux communautés locales. Prince Kihangi Kyamwami démontre que les risques sécuritaires ne seront pas totalement isolés. Il redoute, cependant, que le gouvernement congolais ait de façon implicite, autorisé l’exploitation illégale et le pillage des ressources naturelles dans la région Est du pays.
En même temps, le député provincial du Nord-Kivu Prince Kihangi Kyamwami se doute de la bonne foi des pays membres de l’EAC, d’être prêts à retirer leurs troupes du Nord-Kivu après que ceux-ci auront profité des richesses du sol et du sous-sol congolais. Cet élu du peuple craint également que les troupes de cette force régionale entraînent le pays dans une nouvelle crise sécuritaire, tel que fut le cas en 2006, à Kisangani, dans l’actuelle province de la Tshopo, où les armées ougandaise et rwandaise s’étaient violemment affrontées pendant au moins cinq (5) jours sur le territoire congolais, se disputant le contrôle de cette ville et des ressources minières.
Ainsi, le député Prince Kihangi Kyamwami prévient-il le Chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi Tshilombo d’éviter ce calvaire aux populations de l’Est du pays. Pour lui, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) bien encadrées, soutenues, équipées, payées et dotées d’une logistique conséquente sont capables de relever les défis sécuritaires qui gangrènent les provinces de l’Est.
Pour rappel, les différentes zones contrôlées par les rebelles du M23/RDF ont été réparties aux troupes de l’EAC après que cette rébellion a opté pour un nouveau plan de retrait mis en place par cette force sous-régionale. Ainsi, entre le 28 février et le 10 mars, le M33 devra se retirer de Kibumba, Rumangabo, Karenga, Kilolirwe et Kitshanga, du 13 au 20 mars, de Kishishe, Bambo, Kazaroho, Tongo et Mabenga et entre le 23 et 30 mars de Rutshuru, Kiwanja et Bunagana.
Après l’exécution de ce nouveau plan de retrait, les troupes ougandaises devront prendre le contrôle de la cité de Bunagana. L’UPDF est accusé d’avoir joué un rôle important à côté de la rébellion du M23/RDF dans la chute de cette entité stratégique pour l’économie du Nord-Kivu. Les contingents kenyan et Sud-soudanais prendront le contrôle des localités de Bwiza, Tongo, Rumangabo, Kibumba et Kishishe, récemment, théâtre des massacres des civils, orchestrés par les rebelles du M23.
Didy Vitava