Des éco-gardes en patrouille ont de nouveau arrêté samedi 05 novembre un agriculteur dans les champs en conflit situés hors la limite provisoire entre le quartier Congo ya Sika de Kasindi et le parc national des Virunga dans le territoire de Beni au Nord-Kivu.
L’information est confirmée par la société civile forces vives du groupement Basongora à travers son secrétaire rapporteur qui rapporte que cet agriculteur a été le seul à être interpellé par ces éco-gardes parmi une dizaine d’agriculteurs qui ont été appréhendés dans ces champs.
« Les éco-gardes en patrouille ont arrêté un agriculteur dans les champs de congo ya sika ; ils l’ont acheminé à Muchora. Ils ont interpellé une dizaine de personnes, mais c’est seulement lui qui a été mis aux arrêts. Le problème c’est qu’il voulait ouvrir un nouveau champ. Ceux qui récoltaient leurs cultures n’ont été arrêtés, mais ils les ont sensibilisés sur l’importance de la conservation du parc national qui constitue un patrimoine mondial […] », a fait savoir Kasereka Kathavira, rapporteur des forces vives de Basongora.
Du côté de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), l’on explique que cet agriculteur a été interpellé pour avoir créé un nouveau champ en violation du protocole signé à Kasindi il y a une semaine entre les représentants de l’ICCN et les leaders locaux autour de l’administrateur militaire du territoire de Beni en vue d’un compromis provisoire de cessation des hostilités entre les parties en conflit.
Ce protocole d’accord qui a vu accorder un moratoire de soixante (60) jours aux agriculteurs afin de récolter leurs cultures prévoit par ailleurs une démarcation provisoire et participative afin d’éviter la violation des limites du parc.
Cependant, les forces vives de Basongora déplorent le retard que connait cette démarcation qui, selon leur rapporteur , est à la base de cette situation. Mais en attendant que cela soit fait, Kasereka Kathavira appelle les deux parties au respect de leur engagement.
« Il y a une semaine nous avons signé un protocole d’accord avec l’ICCN pour permettre aux agriculteurs de récolter leurs produits ; il a été convenu qu’il y aura une démarcation au fil électrique afin de montrer aux habitants la partie où ils pourront exercer leurs activités, mais jusqu’à présent cette équipe n’est toujours pas arrivée. Cela plonge bien sûr les habitants dans une confusion, ne sachant pas où se limite le parc. En attandant qu’on place cette démarcation, nous appelons les deux parties au respect des engagements. Que les agriculteurs cessent d’ouvrir des nouveaux champs, et que l’ICCN cesse d’arrêter les gens. Il faut qu’il continue à sensibiliser les habitants sans les faire arrêter », a lancé le secrétaire rapporteur de la société civile du groupement Basongora.
Depuis des années, les habitants riverains du Parc National des Virunga (PNVI) vivent en conflits avec les gardes parcs. Les deux s’accusent mutuellement de violation des limites entre le parc et la chefferie. Ce conflit qui n’a que perduré est souvent à la base des arrestations des populations riveraines, de la destruction des cultures et des habitations et quelque fois de la mort d’hommes.
La démarcation définitive entre cette réserve protégée et la chefferie est celle qui pourrait mettre fin à ce conflit datant.
Serge Mulimani depuis Kasindi