Dans le contexte de la guerre d’agression rwandaise dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), le gouvernement de Kinshasa a formulé des demandes de sanctions contre le Rwanda auprès du Conseil de sécurité des Nations-Unies, notamment. Cependant, des analystes alertent sur le fait que ces sanctions pourraient ne pas avoir l’impact souhaité si plusieurs États membres de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) continuent d’entretenir de bonnes relations avec Kigali.
« Le gouvernement congolais exige des sanctions, mais il est essentiel de comprendre que les organisations internationales ou les États peuvent infliger des sanctions, telles que l’embargo sur les armes, le gel des avoirs des dirigeants ou des interdictions des voyages. Toutefois, même si les Nations-Unies sanctionnent le Rwanda, ces sanctions seront inefficaces si certains États, membres de l’ONU, seront toujours en bonne relation avec le Rwanda, ces sanctions n’auront presque pas d’impact« , explique Daniel Kalyoto, doctorant en Relations internationales à l’Université de Lubumbashi.
Kalyoto fait également remarquer que les sanctions potentielles que les Nations-Unies pourraient infliger au Rwanda risquent de ne pas être contraignantes, ce qui limiterait encore davantage leur efficacité. Quand bien même la République démocratique du Congo (RDC) obtiendrait des sanctions, leur mise en œuvre effective et leur acceptabilité par d’autres puissances internationales sont susceptibles d’être entravées par des intérêts géopolitiques divergents.
« Les organisations internationales sont composées d’États qui agissent généralement en fonction de leurs intérêts. Et généralement en relations internationales, il est reconnu que les États agissent en fonction de leurs intérêts. Donc, dans tous ce qu’ils peuvent poser comme action sur la scène internationale, ils le posent en fonction de leurs intérêts« .
Alors que des manifestations populaires se multiplient au pays pour dénoncer l’agression rwandaise dans l’Est et décrier le silence de la communauté internationale face à l’escalade des violences dans cette partie de la République démocratique du Congo, Daniel Kalyoto souligne qu’il serait plus judicieux de revendiquer un engagement concret de la part du gouvernement congolais en vue de renforcer la paix et la sécurité dans la région.
« Lorsque les manifestations sont organisées sur le territoire congolais pour exiger que la communauté internationale agisse en notre faveur, contrairement à tout Congolais qui pense qu’il y aura une solution de cette communauté internationale face à cette crise, nous devons savoir que la solution à nos problèmes relève de nous Congolais. Nous devons plutôt demander à notre gouvernement d’agir« , a-t-il conclu.
Depuis plus de deux ans, la République démocratique du Congo (RDC) fait face à l’agression rwandaise dans sa partie Est. Les rebelles du M23-AFC-RDF occupent plusieurs localités du Nord-Kivu. Le gouvernement de Kinshasa affirme toujours sa détermination à mettre fin à cette guerre injuste.
Didy Vitava