La rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) est accusée de tramer dans le « trafic frauduleux des minerais » dans la partie Est de la République démocratique du Congo, (RDC). Ces minerais stratégiques, dont le coltan issus du périmètre d’exploitation (PE) 4731, dans la région de Rubaya en territoire de Masisi, (Nord-Kivu), sont entrain d’être évacués au Rwanda, pays que le gouvernement de Kinshasa présente comme bouclier du M23.
A en croire le communiqué de presse de la coordination des forces vives de Masisi, rendu public jeudi 22 février, les rebelles du M23 se servent des motos pour assurer le transport des minerais exploités dans la région de Rubaya jusque dans la cite de Mushaki. C’est à partir de cette cité, que cette rébellion charge ces minerais stratégiques dans ses véhicules jusque dans la cité de Bunagana, d’où se fait le transit vers le Rwanda.
« En effet, plusieurs tonnes des minerais stratégiques notamment le coltan…sont en train d’être évacués nuitamment de la région de Rubaya vers la cité de Mushaki par les voies des motos qui jouent le rôle de transport. Après la réception des minerais à Mushaki, le M23 utilise ses véhicules de renfort au retour comme moyen de transport de ces minerais passant par Kausa, Kilolirwe, Kitshanga pour chuter dans plusieurs destinations en territoire de Rutshuru dont principalement la cité de Bunagana où des comptoirs seraient installés avant le transit vers le Rwanda, etc », écrit la société civile de Masisi.
Les forces vives de Masisi saisissent le gouvernement congolais sur une extrême urgence de prendre des décisions contraignantes allant dans le sens « de la surveillance et de la protection du périmètre d’exploitation (PE) 4731 » contre l’exploitation et les trafics illégaux des minerais dans la région de Rubaya. Elles souhaitent, également, qu’une unité spéciale de l’armée nationale y soit déployée pour cette fin.
De la complicité locale
L’exploitation et le trafic frauduleux des minerais stratégiques menés par le M23 en faveur du Rwanda se font avec l’aide de certains autochtones. C’est ce qu’affirme la coordination de la société civile de Masisi qui exige des sanctions exemplaires, notamment pour « haute trahison », contre des membres des communautés locales, impliqués dans cette mafia.
« La coordination territoriale de la société civile de Masisi alerte l’opinion tant nationale qu’internationale au sujet du trafic frauduleux des minerais issus du périmètre d’exploitation (PE) 4731 dans la région de Rubaya par le Rwanda et compagnie via le label du M23 en complicité avec certaines brebis galeuses (traîtres) au niveau local. […] Au gouvernement congolais : d’identifier spécialement tous les complices locaux et de les sanctionner en tant que traîtres (haute trahison) », explique-t-elle.
Pour rappel, l’Union européenne et le Rwanda ont signé, lundi 19 février un accord sur la création de la chaîne de valeur pour les minerais stratégiques et critiques.
Le gouvernement congolais, à travers son ministère des Affaires étrangères, a vite dénoncé cet accord. Dans un communiqué, mercredi 21 février, le vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula Apala a déclaré que la signature de cet accord est une façon pour l’Union européenne (UE) d’encourager la poursuite du pillage des richesses du sous-sol congolais par le Rwanda. Il a, en même temps, rappelé que le sous-sol rwandais ne dispose aucunement de ces minerais dits « stratégiques et critiques ».
Didy Vitava