Le remaniement tant attendu du gouvernement Suminwa ravive le débat après la publication de sa composition, vendredi 8 août. Entre remaniement et simple permutation, les analyses divergent. Le politologue Arsène Kaputu, lui, soutient que le chef de l’État n’a fait que récompenser ses proches qui l’avaient accompagné lors de la campagne électorale.
Dans son analyse partagée avec RTPA.CD, le politologue a déclaré que le remaniement opéré a davantage éloigné l’espoir des Congolais, lesquels attendaient de nouveaux visages à l’exécutif national. Selon lui, aucun changement n’est à attendre dans la gouvernance de Suminwa II.
“Alors que le peuple congolais s’attendait à un remaniement du gouvernement, il s’est agi plutôt d’une permutation de certains membres du gouvernement Suminwa I dans le gouvernement Suminwa II. Si ceux qui ont été maintenus n’avaient pas apporté de solutions aux problèmes de la population, on ne peut pas espérer qu’ils le fassent dans les nouveaux ministères où ils ont été placés. Dans ce gouvernement, le président de la République et la Première ministre ont simplement donné de l’emploi à ceux qui avaient accompagné le président pendant la campagne de 2023. En réalité, on aurait dû remplacer ceux qui n’ont rien fait, car le panier de la ménagère n’a pas changé”, a-t-il déclaré.
En ce qui concerne la représentation des forces sociales et politiques au sein de ce gouvernement dit “d’union nationale”, Arsène Kaputu affirme que l’opposition radicale a été écartée, considérant Adolphe Muzito comme membre de l’opposition modérée. Il dénonce également la sous-représentation de la société civile et s’interroge sur la publication de ce gouvernement avant la tenue du dialogue national.
“Dire que c’est un gouvernement d’union nationale, c’est se tromper. Dans l’opposition, il n’y a que Muzito qui a été intégré, pourtant il appartient à l’opposition modérée. Pour la société civile, il n’y a que deux personnalités : Anzuluni de Filimbi (Intégration régionale) et Ngefa de l’ASADHO (Justice). L’opposition radicale a donc été laissée de côté, alors que les Congolais pensaient que ce gouvernement sortirait après un dialogue entre les différentes forces sociales et politiques du pays. Le fait que ce gouvernement ait été publié avant… je pense qu’il n’y a que le chef de l’État qui sache pourquoi”, a-t-il expliqué.
Outre le politologue Arsène Kaputu, l’ancien député national de Butembo (Nord-Kivu), Mbusa Tembos Yotama, dénonce chez le président de la République “la volonté du changement sans le courage de la rupture”.
“En reconduisant des figures dont l’action passée a laissé le pays dans l’attente, le pouvoir semble prisonnier d’une logique de conservation et non de transformation”, a-t-il écrit.
Il regrette qu’au sommet de l’État, l’équilibre politique et la loyauté partisane semblent primer sur la performance et la compétence.
Le Président Félix-Antoine Tshisekedi a publié vendredi 8 août le gouvernement Judith Suminwa II. De nombreux ministres ont maintenu leurs postes, d’autres ont été permutés. Mais de nouvelles figures ont aussi fait leur entrée dans cette équipe gouvernementale.
Adolphe Muzito (Budget), Floribert Anzuluni (Intégration régionale), Guillaume Ngefa, (Justice), Grâce Emi Kutinho (Jeunesse) et Eliezer Tambwe (Défense et Anciens combattants).
Il s’agit d’un gouvernement dit “de resserrement, d’ouverture, d’élargissement à l’opposition et la société civile”. Il compte 53 membres dont 6 vices premiers ministres, 12 ministres d’État, 24 ministres, 5 ministres délégués et 6 vices-ministres.
Didy Vitava




























