Plus de 272 cas d’assassinats et d’exécutions sommaires suivis de plus de 300 cas de viols et autant de tortures corporelles ont été enregistrés dans les territoires de Rutshuru, Walikale et Masisi entre le 20 septembre et le 2 octobre 2025, des zones sous occupation des rebelles de l’AFC-M23 dans la province du Nord-Kivu.
C’est le ministère de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières qui alerte sur ce désastre dans un communiqué officiel rendu public ce samedi 11 octobre 2025. Des chiffres qui traduisent l’ampleur des violences commises dans les zones sous occupation du M23-AFC, présenté comme supplétif de l’armée rwandaise.
Le ministère dénonce un cycle d’horreur marqué par des enlèvements, des recrutements forcés, des incendies de maisons, des pillages, ainsi que des arrestations arbitraires dans des conditions inhumaines. Les victimes, pour la plupart des civils, vivent désormais dans la peur, sans accès à la justice ni à une protection effective de l’État.
« Le pays fait face à une barbarie planifiée. Plus de 272 Congolais ont été tués, 300 femmes violées, et des centaines d’élèves torturés ou enlevés. Ce ne sont pas des chiffres abstraits, mais des vies brisées, des familles détruites. La République démocratique du Congo ne peut pas tolérer une telle cruauté sur son sol », lit-on dans ce communiqué.
Le ministère de l’intérieur alerte aussi sur la mise en place d’une administration parallèle dans les zones sous contrôle rebelle. Cette structure illégale viserait à imposer un système de gouvernance étrangère, avec délivrance frauduleuse de documents de voyage et restriction de mouvement des citoyens congolais. Le gouvernement y voit une tentative manifeste de balkanisation du territoire national.
À cela s’ajoute l’imposition d’un prélèvement trimestriel de 17 % sur les frais scolaires, exigé des parents d’élèves dans les écoles primaires, en contradiction avec le principe de gratuité de l’enseignement garanti par la Constitution congolaise. Des taxes et impôts illégaux sont aussi appliqués dans les hôpitaux et orphelinats, compromettant gravement l’accès aux soins et la survie des malades.
« En imposant un impôt sur l’éducation, ce groupe armé détruit l’avenir des enfants congolais. Ils sapent les efforts du Gouvernement pour offrir une école gratuite et accessible à tous. C’est une stratégie cynique visant à asphyxier les communautés et à briser l’espoir des familles », déplore le ministère.
Le ministère de l’Intérieur estime que ces agissements constituent une violation flagrante du droit international et des textes fondateurs tels que la Charte des Nations-Unies, la Convention de Genève de 1951 et l’Accord de paix entre la RDC et le Rwanda.
Le gouvernement congolais réaffirme sa détermination à restaurer l’autorité de l’État, à protéger les populations civiles et à ramener la paix durable dans l’Est du pays.
« Le peuple congolais mérite la paix, la sécurité et la dignité. Le Gouvernement ne reculera devant rien pour garantir ces droits fondamentaux », a-t-il poursuivi.
Cette nouvelle dénonciation intervient alors que les deux parties en conflit sont en pourparlers depuis plusieurs mois sur la désescalade. Elle rappelle une fois de plus la profondeur de la crise sécuritaire qui déchire l’Est de la RDC, où les civils continuent de payer le prix le plus lourd du conflit.
La rédaction