La République de l’Ouganda a procédé, le jeudi 10 juillet, à l’ouverture des postes frontaliers de Bunagana et d’Ishasha. Ces deux postes étaient fermés depuis plus de deux ans, suite à la guerre du M23 en RDC. Toutefois, leur réouverture désavantage le Rwanda, pays accusé par Kinshasa de soutenir la rébellion de l’AFC-M23, qui occupe une grande partie des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Selon le professeur Jean-Bosco Mulendu, pendant la période de fermeture de ces postes frontaliers, le Rwanda a accumulé beaucoup de recettes grâce au transit, sur son territoire, de nombreuses marchandises à destination de la République démocratique du Congo, via Goma. Par conséquent, plusieurs de ces recettes vont désormais lui échapper à cause de la réouverture de ces postes, analyse le professeur économiste.
“Le gouvernement congolais gagne aussi sur le plan régional. Avec la réouverture de ces deux postes frontaliers, certaines recettes vont échapper au gouvernement rwandais. Auparavant, toute marchandise quittant l’Ouganda à destination de Goma ou de Rutshuru devait passer par le Rwanda, puis entrer par la grande barrière de Goma ou par d’autres zones sous occupation. Dès lors que le gouvernement rwandais est accusé de soutenir le M23, tous ces revenus vont lui échapper, et nous gagnons en tant que gouvernement congolais. Le gouvernement gagne indirectement en arrachant une partie des recettes au Rwanda”, a-t-il déclaré.
Le professeur souligne par ailleurs que cette réouverture représente également un soulagement pour les populations congolaises, qui faisaient face à une flambée des prix de certains produits commerciaux dans les zones sous occupation.
“Une autre réussite, c’est que les consommateurs congolais des zones sous occupation à Rutshuru, Ishasha, voire les ménages du Grand Nord, vont en bénéficier en termes de réduction des prix des marchandises qui transiteront par ces deux postes frontaliers”, a-t-il ajouté.
L’Ouganda veut préserver ses recettes
Les postes frontaliers de Bunagana et d’Ishasha constituent des voies d’entrée de devises pour la République démocratique du Congo et l’Ouganda. Selon le professeur, la réouverture de ces postes traduit l’intérêt de l’Ouganda à sauvegarder ses recettes douanières.
“Le gouvernement ougandais veut sauver les recettes douanières qu’il percevait à ces deux postes frontaliers. Cela fait deux ans que l’Ouganda sacrifiait une partie de ses recettes douanières. Sur ce point, on ne peut pas condamner l’Ouganda, car il ne peut pas se sacrifier tout ce temps”, a-t-il expliqué.
Pour rappel, les activités transfrontalières entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda ont repris le jeudi 10 juillet 2025 à travers les frontières de Bunagana et d’Ishasha, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu).
C’est après plus de deux ans de suspension, suite à la guerre du M23. C’est le gouvernement de Kisoro qui a officiellement rouvert ces deux postes frontaliers lors d’une cérémonie qu’il a présidée à Bunagana. C’était en présence des autorités administratives et militaires de la République de l’Ouganda, ainsi que de quelques autorités locales installées par la rébellion, dont le chef de cité de Bunagana.
La réouverture de ces postes frontaliers en l’absence des officiels congolais n’a pas plu à Kinshasa. Vendredi 11 juillet dernier, lors du 51ème Conseil des ministres, le gouvernement a demandé à la ministre d’État en charge des Affaires étrangères d’obtenir des explications claires de la part de l’Ouganda, qui a rouvert les deux postes frontaliers alors que la partie congolaise (Rusthuru) demeure sous l’occupation de la rébellion de l’AFC-M23.
Emmanuel Syavutawa




























