Malgré l’instauration de la gratuité de la maternité en République démocratique du Congo, (RDC), le traitement du personnel soignant n’a connu aucun changement. De nombreux prestataires de soins dont les sages-femmes, acteurs clés de la maternité ne sont pas alignés à la prime de risque et ne perçoivent pas leurs salaires du gouvernement.
C’est ce qu’a déclaré, jeudi 12 juin, le président de la Société congolaise de la pratique sage-femme (SCOSAF), dans la ville de Butembo, au Nord-Kivu. Lors de l’ouverture de la conférence des gouverneurs, mardi à Kolwezi, le chef de l’État a vanté l’impact positif de la gratuité des soins maternels et néonatals sur le quotidien de la population. Mais pour Mongero Nzoli Fiston, le programme de la gratuité de la maternité n’arrive pas à soulager les prestataires et les structures de sanitaires. Ils continuent d’œuvrer dans des conditions précaires.
« Le président de la République a présenté de bons résultats de la gratuité de la maternité. Mais la question qu’il faut se poser concerne les intervenants qui ont permis d’atteindre ces résultats. Les prestataires et les établissements de santé, eux, sont en souffrance. Il y a désormais des structures sanitaires confessionnelles à Kinshasa qui ont procédé à une suspension partielle des activités liées à la gratuité de la maternité. Il faudrait que les établissements de santé et les prestataires soient placés au centre du programme, pour qu’à leur tour, ils puissent mettre la population au centre de leur action », a-t-il déclaré dans sa réaction.
Il soutient que le gouvernement devrait songer à améliorer les conditions de vie des prestataires de santé, mais aussi à appuyer les établissements de santé afin de renforcer leur performance.
« Il y a des facteurs de succès à observer. Normalement, tous les prestataires de santé, tous les sages-femmes devraient être alignés à la prime de risque et recevoir leur salaire. Cela passerait par là, et la gratuité aurait un impact sur tous les acteurs. Mais si l’on fait l’inverse, en privilégiant d’abord la population bénéficiaire au détriment des exécutants (personnel soignant et structures de santé, ndlr), qui devraient pourtant être placés au centre, comprenez que, malgré les fonds investis dans le projet, il y aura toujours une partie insatisfaite », a-t-il expliqué.
En début de semaine, plusieurs structures sanitaires confessionnelles de Kinshasa, chargées de l’exécution du programme de gratuité de la maternité, ont décidé de suspendre la prise en charge gratuite des services liés à l’accouchement. Elles justifient cette décision par l’accumulation d’arriérés de paiement et affirment ne plus être en mesure d’assurer les charges courantes. Le président de la SCOSAF, en ville de Butembo, appelle les différents partenaires au respect des contrats dûment signés avec le gouvernement.
Mardi 10 juin, dans son discours devant les gouverneurs des provinces, le président Tshisekedi s’est félicité des résultats obtenus jusqu’à présent grâce à la gratuité des soins maternels et néonatals, premier volet de la Couverture santé universelle. Depuis son instauration en septembre 2023, plus de deux millions (2 000 000) d’accouchements ont été pris en charge gratuitement, et plus de cinquante mille (50 000) nouveau-nés malades ou prématurés ont bénéficié de soins, à Kinshasa comme dans plusieurs provinces du pays, a-t-il déclaré.
Il a affirmé que ces efforts ont permis de mettre fin à la pratique inhumaine de la séquestration des femmes et des nouveau-nés pour non-paiement des factures. Le chef de l’État a également souligné que la gratuité des soins maternels et néonatals a permis de réduire de manière significative la mortalité maternelle et néonatale.
Didy Vitava




























