Face à la résurgence du choléra dans plusieurs localités du territoire de Rutshuru depuis mai 2025, les efforts se multiplient sur le terrain. Membres de la communauté, structures sanitaires locales, Croix-Rouge, ONGs internationales comme Médecins sans frontières (MSF) et experts en santé communautaire unissent leurs forces pour contenir la propagation de l’épidémie.
À Kiwanja, comme dans d’autres zones affectées, les habitants ne restent pas les bras croisés. Des jeunes volontaires, identifiés comme membre de la communauté U-reporter, mènent des campagnes de sensibilisation de porte à porte.
« Après l’annonce des cas de choléra, nous nous sommes mis ensemble dans le but de parler aux familles de l’importance de se protéger contre cette épidémie. Nous leur avons montré l’importance de se laver les mains, de traiter l’eau et de ne pas consommer les aliments exposés », témoigne Grace Muhesi, responsable de la communauté U-reporter.
La mobilisation ne se limite pas aux jeunes de la communauté U-reporter. Les chefs des bases, leaders communautaires et chefs religieux se sont également engagés dans cette lutte. Ils utilisent les lieux de culte et autres espaces comme cadres pour éduquer la population sur les modes de transmission du choléra.
L’appui des ONGs humanitaires
Parmi les acteurs majeurs de la riposte, Médecins sans frontières (MSF) joue un rôle crucial. L’ONG intervient dans la lutte contre le choléra en fournissant des soins de santé primaires. MSF appuie les centres de traitement du choléra et a renforcé les mesures d’hygiène, notamment la distribution d’eau potable et la mise en place de points de lavage des mains.
« Nous appuyons le centre de traitement à Kiwanja. Chaque cas suspect est rapidement pris en charge pour éviter toute complication ou contamination », a fait savoir une source au sein de l’ONG.
De plus, MSF effectue une recherche active des contacts et un traitement préventif pour limiter la propagation de la maladie.
L’implication de MSF, des autorités de la zone de santé et les autorités territoriales est saluée par les chefs coutumiers des zones affectées. À Kahunga par exemple, le chef de village se réjouit de la relance des activités de riposte au sein du poste de santé local, une initiative qui vient appuyer la riposte contre le choléra et d’autres maladies qui peuvent attaquer la population dans cette entité.
« Les habitants sont très satisfaits, car quitter Kahunga jusqu’à Kiwanja est un souci très majeur pour un malade, des cas de décès sont signalés suite au disfonctionnement de cette structure. La relance du poste de santé va aider les habitants malades qui proviendraient par exemple de Budafa », se réjouit monsieur Tembea, chef de village Kahunga.
L’implication des structures et autorités sanitaires locales
Les zones de santé de Rutshuru et Binza sont en première ligne. À la 27ème semaine épidémiologique, la zone de santé de Binza a enregistré plus de 100 cas. Selon le médecin chef de zone de santé de Binza, Dr Bernard Kakule Kamwira, le premier cas testé positif au choléra a été localisé dans l’aire de santé de Kiseguru.
« Le cas index a été enregistré depuis le 28 juin, pratiquement à la 26ème semaine épidémiologique. Donc, c’est un cas qui est venu d’un cantonnement du champ de Katanga, c’est dans l’aire de santé de Kiseguru. Là, dans des champs, ils n’ont pas d’eau. Ils consomment l’eau de la rivière. Rapidement, à la 27ème semaine, les cas ont augmenté. On a eu un pic à la semaine 27. Fort malheureusement, il y a des cas de décès communautaires qui ont été rapportés. Vous allez comprendre qu’il y a des cas qui ont été déchargés maintenant, grâce aux interventions qui ont été menées par la zone de santé en collaboration avec ses partenaires, en l’occurrence MSF France qui nous a rapidement aidé à mettre en place un centre de traitement avec tous les nécessaires, donc les intrants de prise en charge », a dit le Dr Bernard Kakule Kamwira, médecin chef de zone de santé de Binza.
Il précise par ailleurs que la zone de santé de Binza est encore confrontée à des difficultés par rapport aux aspects Wash. Dr Bernard Kamwira rassure tout de même au sujet des plaidoyers qui sont en train d’être menés auprès des partenaires qui peuvent se positionner par rapport aux activités de chloration, de décontamination mais aussi de l’installation des points de réhydratation orale à des lieux de l’épicentre de cette maladie de choléra.
«Nous sommes en train de réfléchir avec les partenaires pour voir comment mener ces activités dans le contexte sécuritaire que vous savez. Nous sommes d’abord en train de solliciter la collaboration avec les autorités en place pour aussi d’éventuelles garanties sécuritaires », a ajouté le MCZ de Binza.
Des sources au sein du centre de santé de Kiseguro, épicentre de l’épidémie, jusqu’au 24 juillet, « 195 cas ont été notifiés dont 23 décès communautaires depuis le 28 juin ». Les mêmes sources notent « une diminution sensible des cas », la situation est similaire pour la zone de santé de Rutshuru qui a aussi enregistré une centaine des cas du choléra.
Des gestes barrières essentiels
Selon l’infirmier Moïse Sibabikwa, expert en santé communautaire et l’un des représentants des infirmiers dans le territoire de Rutshuru, la riposte ne peut être efficace sans un changement de comportement durable.
« Les pratiques comme la défécation à l’air libre, la consommation d’eau non traitée ou l’absence de lavage des mains sont des facteurs clés. Il est urgent d’intégrer l’éducation sanitaire dans les habitudes quotidiennes. C’est laver les mains à l’eau propre, nettoyer les aliments avant toute consommation », a-t-il déclaré.
Il estime que cette solidarité multisectorielle semble aujourd’hui être le meilleur vaccin contre l’épidémie dans le territoire de Rutshuru.
La République démocratique du Congo (RDC) est actuellement aux prises avec une épidémie de choléra, qui a été déclarée au niveau national en mai. Plus de 30 000 cas ont été recensés depuis le début de l’année 2025, et l’épidémie touche plusieurs provinces.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et d’autres acteurs travaillent avec les autorités congolaises pour renforcer la réponse à l’épidémie, notamment en fournissant des fournitures médicales, en améliorant l’accès aux soins et en renforçant les mesures d’hygiène et d’assainissement.
Dieu-Merci Mumbere




























