Josiana Kahehero Evelyne est l’une des rares jeunes filles poétesses de la ville de Butembo, en province du Nord-Kivu. Elle évolue au sein de la Plume d’Or, un cénacle qui encadre de jeunes poètes. À travers ses textes, elle exprime un engagement profond en faveur de l’éveil des consciences, dans le but d’une lutte concertée pour la paix en République Démocratique du Congo (RDC).
Âgée de 18 ans, Josiana Kahehero Evelyne a rejoint la Plume d’Or en 2022, alors qu’elle était encore à l’école secondaire. Inspirée par la prestation de ses aînés, elle a décidé de s’engager dans la poésie, un domaine où les filles restent encore peu nombreuses.
« Le début a été marqué par mon intégration au sein de la Plume d’Or. J’étais encore à l’école secondaire, à l’Institut Kambali, option latin-philosophie. Ce qui m’a motivée, c’était d’abord le fait de voir les filles de la Plume d’Or sur scène. Cela m’avait marquée personnellement. Ensuite, je voulais transmettre mes messages à travers des textes poétiques« , explique-t-elle.
Les textes poétiques de Josiana sont fortement axés sur la révolution et la sensibilisation. Face à la crise sécuritaire persistante dans l’Est du pays, elle utilise son art pour interpeller la communauté sur la nécessité de restaurer la paix.
« J’écris différents textes, principalement sur la situation du pays. Avec la guerre, je me suis beaucoup plus penchée vers la révolution. Tout le monde doit travailler pour que la paix revienne au Congo. Je me suis donnée pour mission d’éveiller la conscience des gens« , indique-t-elle.
Josiana Kahehero est l’auteure de plusieurs poèmes. Elle a également participé à divers concours poétiques organisés en ville de Butembo. Elle a figuré parmi les trois poètes primés au concours international européen de poésie 2024.
Le parcours de Josiana n’a pas été sans obstacles. Au début, sa famille s’opposait à son engagement artistique. Elle a réussi à surmonter cet obstacle et à poursuivre son rêve avec détermination.
« Avec les mentalités d’ici, on dit souvent que les artistes ne sont pas sérieux. Tout le monde voulait que j’abandonne l’art pour me consacrer uniquement aux études. De mon côté, je fais de mon mieux pour prouver à ma famille que ce n’est pas le cas. Lorsque nous organisons des spectacles de poésie, je les invite à y assister. Les artistes poètes sont sérieux : ils se considèrent comme des messagers de la vertu. Et on ne peut pas prêcher la vertu sans être sérieux« , explique-t-elle.
Actuellement inscrite en criminologie à l’Université Catholique du Graben (UCG), Josiana parvient à concilier ses études et sa carrière poétique. Son rêve est de devenir femme militaire afin de contribuer activement à la stabilité du pays.
« Dans mon parcours de poésie, mes amis me disaient qu’il ne fallait pas seulement parler, mais aussi agir. C’est pourquoi j’ai choisi la criminologie. Je rêve de devenir une femme militaire. Avec ce que j’observe dans notre pays, je vois que les militaires sont ceux qui se sacrifient pour sauver la vie des Congolais« , explique-t-elle.
Au sein du cénacle la Plume d’Or, Josiana se distingue par son dynamisme. Mapson Volonté Vitehe, l’initiateur du cénacle, reconnaît son talent et son engagement.
« Il y a beaucoup d’appréciations pour ce qu’elle fait, tout comme pour ce que font les jeunes filles au sein de la Plume d’Or. Cela apporte une touche différente, une vision plus épanouie de l’art. La femme a toute sa place dans la poésie. Josiana Kahehero, qui est vice-présidente de la Plume d’Or, a apporté une énergie nouvelle. Elle réalise ce que beaucoup d’autres n’osent pas entreprendre. Les femmes, en général, sont des prodiges qui rendent la vie plus belle« , a-t-il déclaré.
Liliane Musavuli, coordinatrice de l’organisation Femmes leaders pour le progrès de la jeune fille (FELP/JF), encourage les jeunes filles à intégrer diverses structures pour faire valoir leurs compétences.
« Nous voyons de plus en plus de filles embrasser la poésie. Dans le contexte de notre pays, nos jeunes utilisent la déclamation poétique pour rechercher la paix, dénoncer les massacres et les violences faites aux femmes et aux jeunes filles. Nous les encourageons vivement. C’est une belle façon de s’exprimer. D’autres aussi doivent intégrer des groupes où elles mettrons en valeur leurs compétences« , indique-t-elle.
En ville de Butembo, dans la province du Nord-Kivu, les jeunes filles poétesses restent encore peu nombreuses. Josiana Kahehero Evelyne est l’une des rares à évoluer dans ce domaine.
Claudine Mulengya, depuis Butembo




























