Alors que le président de la RDC, Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame, ont entériné jeudi à Washington (USA) l’accord de paix entre les deux pays, une incertitude majeure plane sur sa mise en œuvre. L’adhésion du M23 et des groupes Wazalendo à cet accord reste problématique.
C’est ce qu’affirme un expert en relations internationales, au lendemain de l’entérinement dudit accord. Selon Daniel Kalyoto, la rébellion de l’AFC-M23, qui nie toujours le soutien du Rwanda, risque de perpétuer la crise, prétextant que l’accord ne concerne que les deux États (la RDC et le Rwanda).
“Par rapport à la situation sur le terrain, cet accord conclu entre les deux États risque de souffrir. La rébellion de l’AFC-M23 se réclame d’être congolaise. Le M23, qui refuse de reconnaître toute autorité de Kigali et insiste sur son statut de mouvement congolais, pourrait rester hostile sur le terrain. Le fait que cet accord ne prenne pas en compte la question du M23 pourrait créer une paix de façade entre les deux États, tandis que les affrontements continuent sur le terrain”, analyse-t-il.
L’analyse évoque également le cas des Wazalendo, qui refusent souvent de se soumettre aux résolutions diplomatiques sur la crise. Leur exclusion du processus de paix pourrait compromettre la situation sur le terrain.
“Le fait que cet accord ne tienne pas compte des Wazalendo présents sur le terrain laisse planer un risque de prolongation des affrontements. Ces groupes estiment parfois que ce qui a été signé par le gouvernement ne les concerne pas, car ils n’ont pas été consultés ou associés au processus”, poursuit l’expert.
Un consensus interne, une nécessité
“Lorsqu’une partie est exclue de la mise en œuvre d’un accord, ce sont ces parties qui ravivent la crise. Au niveau interne, le fait que l’accord ne prenne pas en compte la problématique des Wazalendo, du M23 et de la cohésion sociale, qui fait défaut en interne, nécessite la mise en place d’un autre accord pour espérer un rétablissement durable de la paix”, préconise l’analyste.
Pour lui, Kinshasa devrait investir dans la défense afin d’assurer une paix durable, qui ne peut être obtenue uniquement que par la force militaire.
“La paix par les accords est une paix éphémère, qui prépare le terrain à de nouvelles violences, comme l’estiment les théoriciens réalistes des relations internationales. Pour eux, la solution à la guerre ou à la crise nécessite souvent le recours à la force pour obtenir un vainqueur, ce qui peut faciliter la résolution directe du conflit”, explique Daniel Kalyoto.
L’internationaliste souligne néanmoins que l’application de cet accord à tous les niveaux dépendra essentiellement de la bonne foi des acteurs, à savoir le Rwanda et la RDC.
Ce qu’il faut retenir de l’Accord
L’accord signé entre la RDC et le Rwanda, et entériné jeudi par les présidents Tshisekedi et Kagame, prévoit notamment :
Le respect de l’intégrité territoriale
Les deux pays s’engagent à respecter mutuellement leur intégrité territoriale et à s’abstenir de tout acte d’agression ou de soutien à des groupes armés. Ils conviennent de cesser toute hostilité, y compris en s’abstenant de soutenir ou tolérer des incursions ou actes menaçant la paix, la souveraineté ou l’intégrité territoriale de l’autre.
Le désengagement et le désarmement
La RDC s’engage à neutraliser complètement les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), tandis que le Rwanda doit retirer ses militaires du territoire congolais.
Un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire
Les deux parties conviennent de mettre en place un mécanisme conjoint de coordination de la sécurité pour assurer la surveillance et la mise en œuvre de ces engagements.
Le retour des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays
La RDC et le Rwanda faciliteront le retour volontaire et sécurisé des réfugiés et garantiront l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations vulnérables.
Un cadre d’intégration économique régionale
Un cadre d’intégration économique régionale sera lancé dans les trois mois, visant à développer le commerce, les investissements et la transparence dans l’exploitation des ressources naturelles.
Didy Vitava



























