En réaction à la demande du président Félix Tshisekedi adressée à son homologue rwandais Paul Kagame en vue de faire la paix et d’apaiser la tension entre les deux pays, l’internationaliste Daniel Kalyoto a déploré, ce vendredi 10 octobre, le fait que cette démarche arrive tard, après l’embrasement de la situation.
Dans un entretien accordé à RTPA.CD, il a rappelé que plusieurs acteurs sociopolitiques du pays attendaient une initiative interne de désescalade dès le début de la crise.
« C’est ce que tout le monde demandait depuis longtemps. Depuis la prise de Bunagana, les leaders politiques, les analystes politiques et les internationalistes demandaient qu’il y ait un dialogue franc. Lorsqu’aujourd’hui le président congolais change de narratif et se ressaisit pour tendre la main à son homologue rwandais, c’est une bonne chose. Cependant, il tend sa main en retard, parce qu’on aurait dû régler la question bien avant, et on ne serait pas arrivé à la prise de Goma ni à toutes les pertes en vies humaines et dégâts collatéraux causés par la guerre du M23 », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, ce doctorant en Relations internationales à l’Université de Lubumbashi rappelle qu’un climat de confiance est nécessaire pour espérer une désescalade dans la crise entre la RDC et le Rwanda.
Daniel Kalyoto encourage la partie congolaise à faire preuve de plus de cohérence dans sa prise de position afin de mener à bien cette nouvelle démarche visant à rétablir la paix dans la partie Est du pays.
« Dans les relations entre les États et dans les rapports de coopération, il existe le principe de confiance et de crédibilité. Lorsqu’on est en face d’un acteur non crédible, l’issue est toujours incertaine. Il faudrait donc qu’il y ait un narratif cohérent dans la communication et dans la politique étrangère congolaise, car tant qu’on reste dans le tâtonnement, on a peu de chances d’aboutir au résultat souhaité », a-t-il ajouté.
L’opposition crie à la trahison
Héritier Mukama, secrétaire exécutif du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECIDé) de Martin Fayulu à Butembo, (Nord-Kivu), analyse la main tendue de Tshisekedi à Kagame comme un signe de trahison.
Pour lui, le discours de Tshisekedi au Global Gateway Forum de l’Union européenne à Bruxelles (Belgique) a démontré, à la face du monde, qu’il n’est pas en mesure de mettre fin à la guerre qui accable la partie Est du pays.
Héritier Mukama dit soutenir plutôt la tenue d’un dialogue inclusif, tel que prôné par le tandem CENCO–ECC, qu’il juge comme « la meilleure voie » de sortie de crise après l’échec de l’option militaire.
De son côté, l’UDPS ville de Butembo (Nord-Kivu) soutient l’invitation du président congolais à Paul Kagame. Pour Lwanzo Kasonia, cadre de ce parti présidentiel, cette démarche de Félix Tshisekedi est un acte de haute portée diplomatique, politique et économique, puisqu’elle met son homologue rwandais devant ses responsabilités à contribuer à la sécurité et à la paix dans la région des Grands Lacs.
Didy Vitava/Butembo