Alors que le président congolais Félix Tshisekedi tente d’ouvrir une nouvelle option pour apaiser les tensions avec le Rwanda, le pouvoir de Kigali se montre peu réceptif. Par le biais de son ministre des Affaires étrangères, le gouvernement rwandais a qualifié de “cinéma politique grotesque” la main tendue de Tshisekedi à Kagame, tout en l’appelant à une “paix des braves”.
Kigali désapprouve d’abord le fait que le président congolais Félix Tshisekedi ait transformé un cadre de partenariat économique en tribune d’accusations. Le Rwanda rappelle ensuite que les questions relatives à la crise sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) doivent être traitées dans des cadres prédéfinis et bien connus : Washington (Rwanda–RDC) et Doha (RDC–M23).
“Je dirais que la résolution du conflit à l’Est de la République démocratique du Congo a ses propres cadres. Il y a celui de Washington, qui est bilatéral entre la RDC et le Rwanda, et celui de Doha, qui concerne l’AFC-M23 et le gouvernement. Ces cadres sont bien précis, et la RDC y est représentée. Alors, venir dans un partenariat économique (le Global Gateway Forum de l’Union européenne) qui n’a rien avoir avec le conflit à l’Est, et y formuler des accusations contre le Rwanda tout en les déguisant en main tendue, c’est ce que j’appelle du cinéma politique grotesque”, a déclaré Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères.
Le jeudi 9 octobre, lors de la deuxième édition du Global Gateway Forum, organisée par l’Union européenne à Bruxelles (Belgique), le président congolais Félix Tshisekedi a officiellement tendu la main à son homologue rwandais Paul Kagame, dans le but de mettre fin à la tension croissante entre les deux pays voisins et d’appeler à une “paix des braves”.
Félix Tshisekedi a réaffirmé que la RDC n’a jamais adopté d’attitude belliqueuse à l’égard de ses voisins, dont le Rwanda. Il a reconnu que lui et son homologue rwandais Paul Kagame sont les seuls dirigeants capables de mettre fin à l’escalade entre leurs deux pays.
Mais pour Kigali, c’est le président congolais lui-même qui détient la clé du conflit. “C’est le président Tshisekedi qui a la clé de ce conflit et qui peut l’arrêter à tout moment”, a affirmé le ministre rwandais des Affaires étrangères.
Selon Félix Tshisekedi, parvenir à une “paix des braves” exige que le président rwandais Paul Kagame ordonne aux troupes de l’AFC-M23 (rébellion soutenue par le Rwanda et occupant une large partie du Nord et du Sud-Kivu), de cesser l’escalade de violences qui a déjà fait beaucoup de victimes.
Le président congolais s’est dit ouvert à des discussions franches sur cette crise afin d’y mettre fin, de restaurer la paix et de relancer le développement. Une démarche malheureusement mal accueillie par le pouvoir de Kigali, visiblement résolu à ne discuter de ce conflit que dans le cadre des processus de Doha et de Washington.
Didy Vitava




























