Face à la crise à la fois sécuritaire, sociale, économique et politique que traverse la République démocratique du Congo, les littérateurs ont un rôle majeur à jouer. Dans un contexte dominé par le désespoir et la résignation, particulièrement dans l’Est du pays, les écrivains peuvent, à travers des utopies mobilisatrices, recréer un monde où l’espoir est encore permis. Par-dessus tout, ils peuvent contribuer à éveiller la conscience collective face aux maux qui rongent la société.
C’est ce qu’a affirmé, le vendredi 18 juillet dernier, le Chef des travaux Paluku Karongo Pantaleon. Dans sa description des utopies mobilisatrices à travers le roman “Quand les enfants crient misère”, du Congolais Bernard Ilunga Kayombo, faite lors du colloque international et interuniversitaire tenu du 16 au 18 juillet à Butembo, il a encouragé les écrivains à représenter un monde idéal dans leurs œuvres romanesques, afin d’inspirer les citoyens à y puiser un modèle de société irréprochable, tant désirée. Il a insisté sur le fait que la littérature ne doit pas se limiter à une simple photographie de la réalité.
“Que les écrivains observent ce qui ne va pas dans notre société, mais qu’ils ne le reproduisent pas mot à mot, car la littérature n’est pas une simple photographie de la réalité. Il faut, dans nos œuvres, créer des utopies mobilisatrices capables de guider le peuple et de booster le développement. Le roman appartient au monde de l’idéal, tandis que la crise sévit dans le monde réel. Nous devons donc amener nos concitoyens à contempler ce monde idéal et à y découvrir des modèles dans notre espace romanesque”, a-t-il déclaré.
Le chercheur en littérature insiste également sur la nécessité, pour les écrivains, de recréer ou de suggérer des possibles humains capables de surmonter le pessimisme et le désespoir. Il soutient par ailleurs que les littérateurs devraient mettre leur plume au service d’une intelligence émotionnelle, essentielle à la gestion de soi et des autres, dans une situation de crise.
“Enfin, je me suis rendu compte que l’école où nous avons tous été a plus développé l’intelligence rationnelle. Or, cette intelligence est limitée. Depuis 1990, on a créé une intelligence qu’on appelle émotionnelle, qui porte sur la gestion de soi, la connaissance de soi et de l’autre. Alors, cette intelligence émotionnelle est capable de conduire le monde. La plupart des crises congolaises n’ont pas besoin de la tête, mais plutôt du cœur”, a-t-il expliqué.
Il invite les écrivains à ne pas se complaire dans la lamentation dans leurs ouvrages, mais plutôt à en faire des cadres de réflexion où ils proposent des “ailleurs possibles”.
“Les écrivains, dans leur écriture littéraire, sont capables, non pas de pleurnicher comme on le fait dans la société devant ce qui ne va pas, mais plutôt de nous proposer des ailleurs possibles, c’est-à-dire d’autres sites imaginaires, qui passent par le récit et qui permettent aux lecteurs de comprendre que c’est possible, en se disant même ce que nous traversons, comme guerre, comme crise, peut trouver une solution. Donc, le littérateur, dans son écriture, est à mesure de suggérer des possibles humains à travers une peinture romanesque, il crée un personnage capable d’incarner une solution à nos crises de tous les jours”, a-t-il ajouté.
Le Chef des travaux martèle que la littérature permet de dresser le portrait de personnages capables d’incarner les maux congolais, mais aussi d’autres porteurs de solutions.
Didy Vitava




























