Les travaux du colloque international et interuniversitaire sur la crise congolaise, organisé par un collectif de chercheurs scientifiques de Butembo, Goma et du Canada, ont démarré comme prévu ce mercredi 16 juillet dans la ville de Butembo (Nord-Kivu). Lors de cette première journée, plusieurs thématiques ont été abordées. L’un des intervenants, le professeur Wilfrid Kibanda, a exposé sur le thème : « Les bases de la faillite de l’État congolais ». Il a déploré la défaillance des éléments constitutifs de l’État.
Dans son intervention, le professeur a démontré que les éléments fondamentaux qui définissent un État ne fonctionnent plus en République démocratique du Congo. Il a dénoncé la passivité de l’État face aux pratiques irrégulières qui prolifèrent à travers le pays. Pour lui, l’homme d’Etat est le responsable de la faillite de l’État congolais.
« J’ai constaté que les éléments fondamentaux qui permettent de définir un État ne fonctionnent plus au Congo. Premièrement, en ce qui concerne la sécurité, on observe comment l’État est malmené par des groupes armés, tant nationaux qu’internationaux. Deuxièmement, en ce qui est de la justice, la situation empire. Il y aujourd’hui des gens qui se donnent à la justice populaire ou expéditive, sans que l’État n’intervienne. Il se pose un autre problème : toutes les structures chargées d’assurer le service du bien commun sont en faillite. Alors, partant de l’idée que l’État est là pour répondre aux besoins auxquels un individu seul ne peut pas répondre, je tiens l’homme d’État pour responsable de la faillite de notre État congolais », a-t-il déclaré.
Pour surmonter ce défi, le professeur appelle à une prise de conscience face à la détérioration des conditions de vie. Wilfrid Kibanda encourage les citoyens à dénoncer la mauvaise gestion de l’homme d’Etat et à revendiquer leurs droits. Il précise toutefois que ces revendications doivent se faire de manière légale et non violente.
« Nous, les citoyens, devons redécouvrir en nous le sentiment de honte, de dignité et de pudeur. Cela signifie qu’il y a des situations que nous ne devrions pas accepter de vivre. Nous devons faire passer ce message à l’homme d’État, car c’est lui le gestionnaire de notre bien public. Nous avons la responsabilité de veiller à ce qu’il le gère correctement. Pour revendiquer, les citoyens peuvent s’organiser en mouvements citoyens, soutenir des mouvements comme la LUCHA et d’autres. Mais cette lutte doit rester non violente, dans le respect de ceux qui détiennent le pouvoir, pourvu qu’il y ait un espace de dialogue », a-t-il expliqué.
Le colloque international et interuniversitaire se tient du 16 au 18 juillet, sous le thème général : « Crise congolaise : causes et pistes de solution ». Selon le professeur Henri Makomera, président du comité d’organisation, ce colloque constitue un cadre de réflexion pour les scientifiques, appelés à contribuer à l’éveil des consciences face à la gravité de la situation en République démocratique du Congo.
Plusieurs chercheurs et cadres universitaires de Butembo, des environs, ainsi que des participants venus de l’étranger, notamment du Canada, prennent part à cette rencontre de haute portée scientifique. Les activités se déroulent dans la salle Saint Luc des Facultés africaines Bakhita (FAB) de Butembo.
Didy Vitava




























