Le ton est monté d’un cran entre l’Église catholique et un membre influent du gouvernement Suminwa. Dans un communiqué rendu public mercredi 11 juin, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) fustige les déclarations du Vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba et s’interroge ouvertement sur ses intentions réelles.
Dans une sortie qui ne laisse place à aucune ambiguïté, la CENCO a dénoncé ce qu’elle qualifie “d’inepties” proférées par le ministre Jean-Pierre Bemba lors de son passage sur les antennes de la radio Top Congo FM. Pour les évêques catholiques, il ne s’agirait pas d’un simple dérapage verbal.
Ce document dépeint une trajectoire préoccupante, celle d’un haut responsable de l’État qui, depuis 2023, ne cesse de cibler l’Église avec des accusations « gratuites, infondées et répétées », menaçant ainsi, selon la CENCO, le climat de confiance indispensable à la cohésion nationale.
« Il multiplie des déclarations qui portent atteinte à la réputation de la CENCO », écrit noir sur blanc l’épiscopat, évoquant même un risque de retour aux heures les plus sombres de l’histoire récente du pays.
Le communiqué évoque ainsi les tragiques souvenirs de Kisangani et Kinshasa, où les troupes de Bemba furent accusées de violations graves des droits humains dans les années 2000. Dans le même angle d’idées, une accusation de vouloir replonger le pays dans une logique de confrontation et de violence, à contre-courant des efforts actuellement menés pour résoudre pacifiquement les crises qui menacent l’unité nationale.
Un autre sujet d’indignation pour les évêques c’est le silence des institutions. Ni le parquet général, ni l’Assemblée nationale n’ont réagi aux propos du Vice-premier ministre. La CENCO appelle à une prise de responsabilité : « faire toute la lumière sur ces allégations et en tirer les conséquences de droit ».
Cette posture résolument ferme n’exclut pas pour autant l’esprit chrétien de pardon. Les évêques appellent les fidèles à prier pour Jean-Pierre Bemba, afin que l’Esprit de la paix descende sur lui et le détourne de la violence dont il fait la promotion.
Mais la CENCO ne s’en tient pas aux exhortations spirituelles. Elle met également en garde contre les manipulations de l’opinion, se réservant le droit de saisir la justice si les attaques devaient se poursuivre. Un bras de fer qui intervient dans un contexte où le pays semble de plus en plus polarisé. Face à cette menace, la CENCO appelle à la vigilance, au refus de la division et à l’attachement aux valeurs de dialogue et de réconciliation. Elle exhorte les Congolais à ne pas céder à la haine, mais à rester unis autour du « bien-vivre ensemble ».
Empreinte de spiritualité, la conclusion du communiqué confie le pays à l’intercession de la Vierge Marie, Notre-Dame du Congo, dans une prière pour la paix et la sagesse des dirigeants.
Dans une République Démocratique du Congo fragilisée par de multiples tensions, cette nouvelle confrontation entre l’Église et un pilier du pouvoir politique pourrait bien raviver de vieux clivages. Une chose est sûre : la parole de la CENCO a été lancée, et elle résonne comme un avertissement.
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